Marie-Claude Bohnenblust, une artiste comme nous les aimons...
De son oeuvre se dégage une extraordinaire humanité...
Elle avait exposé son "Regards" auprès des oeuvres de nos Jeunes lors de l'exposition de 2008, "Sur un Fil de Beauté". C'est toujours avec autant de simplicité et d'humilité qu'elle accepte de figurer sur notre blog...
Mcboh (son nom d'artiste), est une de ces artistes qui offre son art aux causes qui l'interpellent, l'émeuvent...
La journaliste Laure Dufresne écrit à son sujet :
"Les envols humanistes de Marie-Claude Bohnenblust"
Dans le déchirement d’un drapé fatigué de sati rose, sur ces empreintes de doigts imprimés dans la glaise aux portes des temples et qu’on dirait d’enfants maladroits, Marie-Claude Bohnenblust dépose une pensée pudique et affligée. A la mémoire fraternelle de ces femmes indiennes endeuillées par le veuvage et qu’autrefois on brûlait vives, elle dédie sa compassion. A d’autres êtres souffrants – les boat people ballotés sur les mers – elle parlera de la même voix, celle de l’engagement modeste et sûr, pour leur donner chair et fierté.
C’est ainsi qu’elle met son humanisme au service de son inspiration, souvent soudaine quand elle projette sur la toile un premier jet. Ses états, ses lectures, sa curiosité de l’actualité du monde, lui soufflent l’impulsion première et spontanée. Viennent ensuite le travail de réflexion mené dans la durée, le cheminement de la composition et de l’harmonie.
Il y a eu la puissance du mythe – le Minotaure, Icare – l’artiste puisant dans l’archétype la source d’une élévation : l’oiseau omniprésent, toutes ailes déployées, tour à tour menaçant, veilleur ou spectateur. Dans ces années-là, le rêve d’Icare prend feu plein ciel – les flammes et non les cendres – l’incandescence du rouge orangé arrêtée en vol, juste « à la bonne hauteur » sur fond d’éther pâle. Et parfois, quand le regard s’enfonce au-delà, l’esprit hérissé d’une cathédrale.
Il y a eu une série sur l’identité, des clones, des formes auxquelles on peut donner les visages qu’on veut, le genre masculin et féminin, les paysages intérieurs qu’on a en soi et qu’on appelle. Plus récemment, « Inchalla » décline ses hommages aux hommes perdus en mer, exsangues et persécutés, à ces peuples sans nation ni territoire. A l’origine de cette nouvelle série, les articles de la Déclaration universelle des droits de l’Homme comme autant de rappels au droit et à la dignité.
Dans cette même veine, se déroule la litanie des figures aux traits seulement esquissés, planètes anonymes dont on déduit seulement les corps entassés au fond d’un frêle esquif. « Passeurs d’espoir » dit la même chose sur le mode de l’espérance : un couple regarde la mer. Dans un coin de la toile, presque’imperceptible, la Croix Rouge les invite à la confiance.
Marie-Claude Bohnenblust aime les rouges et soigne ses transparences, ces glacis lisses qui figent le feu, font surgir la matière, exaltent la matité. Et de cette apparente légèreté naît le mystère : les ombres, les masques, les silhouettes à peine ébauchées à l’avant-plan, et derrière, le fond qui va faire sens.
Rien de totalement abstrait dans sa manière qu’elle qualifie elle-même de figuration libre. De même qu’avec la céramique – le craquelé vivant du raki – sa palette et sa matière délivrent toujours un message, connu d’elle et réinventé par le regard des autres.
« Regards », c’est le nom qu’elle a donné à une installation inédite : une paire d’yeux démultipliée sur une mer inégale de plaques-miroirs (ainsi peut-on s’y regarder) posées au sol. Et tout autour dansent des poèmes écrits par elle et tracés à la craie sur bâche noire. « Le regard que je reçois transforme le mien » : de cette idée de départ elle fait un paysage universel, provoquant la surprise et touchant avec simplicité à l’essentiel. En abordant une autre façon de travailler, elle élargit le champ du partage et s’inscrit dans l’art contemporain. Ni ailleurs ni autrefois.
Dans l’un de ses derniers satis indiens, deux silhouettes à l’antique se font face, l’une blanche, l’autre noire.
Debout comme ces femmes qu’elle souhaite glorieuses, dressées sur un seuil de lumière. Ses oiseaux juste nés, les ailes hautes et descendantes, elle les a baptisés « protecteurs ». Ils auraient un air de crucifixion, dit-elle.
(Texte de Laure DUFRESNE journaliste - Sept 2009).
Voici sa carte de visite : mais vous pouvez la retrouver sur son site Internet www.mcboh-peintre.com ou mieux encore...
Allez la rencontrer, pour ceux qui seront en région parisienne du 1er au 11 avril 2010, à l'exposition d'art contemporain, "Regards croisés", Hôpital du Vésinet, 72 avenue de la Princesse, 78110 Le Vésinet...
Françoise Harrang pour Les Ateliers Extraordinaires.